Artistes et Oeuvres du Nouveau R�alisme

A l'heure où les années 60 et les influences pop reviennent en force inspirer les designers et les décorateurs du monde entier, le Nouveau Réalisme fait l'objet d'un regain d'intérêt certain auprès des amateurs d'art, la valeur estimée de certaines oeuvres connaissant du même coup une véritable envolée.

L'occasion d'un retour rapide sur le parcours des Nouveaux Réalistes.

Yves Klein (France, 1928-1962)

L'un des artistes les plus connus d'après-guerre. Passionné d'Orient et judoka de haut grade; c'est dès l'âge de 20 ans qu'il débute ses expériences sur ce qui constituera l'essence de son oeuvre : les monochromes, un espace-couleur infini, le "monde de la couleur pure", qu'il travaille au pinceau, au rouleau, à l'éponge, au pochoir ou sous la forme d'anthropométries. Sa rencontre avec Pierre restany sera déterminante pour l'épanouissement de Klein en tant qu'artiste. Après un an de travail avec un chimiste, il a donné naissance en 1956 au célébrissime International Klein Blue, un bleu outremer saisissant, début d'une "période bleue" qui caractérisera fortement son oeuvre. Membre fondateur du Nouveau Réalisme, il décède prématurément en 1962 à l'âge de 34 ans.

Yves Klein - Anthropométrie "Le Buffle"Anthropométrie Le Buffle
Estimation 8.500.000€

Arman (Armand Fernandez, France, 1928-2005)

Arman - Bach 2 Violin ConcertoBach 2 Violin Concerto
106.4 x 67.3 cm - Estimation 140.000€
 

Ami de jeunesse d'Yves Klein et étudiant en art, Arman se passionne très tôt pour la place de l'objet dans la société moderne. Dès 1959, il expose des ordures ménagères dans une série de Poubelles. Mais très vite il en vient à détériorer ces objets : coupes notamment d'instruments de musique (Colères), mais aussi Combustions, accumulations par soudure... Installé à mi-temps aux Etats-Unis, il collabore avec Renault dans une forme d'art-industrie, et travaille dans les années 80 sur des sculptures monumentales : Long term Parking de l'ex-fondation Cartier, une accumulation de drapeaux en marbre au palais de l'Elysée, ou encore la Rostropovitch's Tower à New York. Exposé dans le monde entier, Arman revient à la peinture dans les années 90 avec notamment les "Starry Night", tout en poursuivant son travail sur les accumulations et de nombreuses collaborations avec le monde industriel. Affaibili par une crise cardiaque, il meurt en 2005.

François Dufrêne (France, 1930-1982)

A l'adolescence, Dufrêne se passionne pour la poésie. Sa recontre avec Klein en 1950 puis Hains et Villeglé l'amènent à développer une carrière de plasticien. très vite, Dufrêne se spécialise dans l'utilisation des dessous d'affiche lacérées marouflées sur toile, qu'il expose dès 1959 et travaillera pendant de très longues années. Dans les années 1970, Dufrêne diversifie son travail avec des stencils administratifs et des bibliothèques en ouate de cellulose. En parallèle, il poursuit son travail sur les mots avec la Cantate des Mots Camés, et réalise un film imaginaire.

Dufrêne - Envers d affiche sur toileEnvers d'affiche sur toile
120 x 80 cm - Estimation 30.000€

Raymond Hains (France, 1926-2005)

Raymond Hains - Sans TitreSans titre (1967)
Estimation 300.000€
 

Hains débute par le dessin et la peinture, rencontrant Villeglé aux Beaux Arts de Rennes, avant de se mettre à la photo. Très tôt deux constantes apparaissent dans son oeuvre : les références au langage, et l'éclatement en formes non figuratives. Notamment connu pour ses affiches lacérées, en particulier à vocation politique ou publicitaire, il ne manque ainsi pas de faire transparaître son goût du calembour verbal ou visuel dans ses oeuvres, à travers par exemple de ses palissades. Bien que membre fondateur du Nouveau Réalisme, il prend rapidement ses distances avec le mouvement, tout en restant proche de Gérard Deschamps, pour se créer une forme de mythologie personnelle. Artistiquement actif jusque dans ses dernières années, Hains est même allé jusqu'à s'approprier l'outil internet avec ses Macintoshage.

Jean Tinguely (Suisse, 1925-1991)

Fortement marqué par la guerre, passionné de lecture et de politique, Tinguely débute comme décorateur indépendant, et oriente ses recherches artistiques vers le relief. Progressivement, ses sculptures utilisant des matériaux de récupération pour l'essentiel évoluent pour faire appel à plusieurs sens, donnant naissance à des "machines" : Meta-matics, Cyclo-matic, machine autodestructrice en Hommage à New York... Il épouse Niki de Saint Phalle en 1971, avec qui il collaborera dans le cadre de nombreuses installations, comme par exemple le Cyclop, la Fontaine Stravinsky à Paris, ou le Crocrodrome de Zig & Puce. Dans ses dernières années, les travaux de l'artiste l'emmêneront dans de nombreux pays du monde.

Tinguely - Metamatic 7METAMATIC no.7
Vendu 700.000€

Niki de Saint Phalle (France, 1930-2002)

Niki de Saint Phalle - Le bancLe banc
Résine polyester 161 x 140 x 110 cm - Vendu 550.000€
 

Après des débuts fameux comme mannequin et comédienne aux Etats-Unis, Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle commence à peindre, et se fait rapidement connaître par ses Tirs (réalisés par des spectateurs à la carabine sur des poches de couleurs éclaboussant des assemblages de plâtre). L'oeuvre prend ainsi avec elle le statut de performance. Niki de Saint Phalle est également connue pour ses nanas, poupées grandeur nature explorant la représentation artistique de la femme. Epouse de Jean Tinguely (cf ci-dessus),  elle travaille avec lui sur de nombreux projets, parmi lesquels Hon/Elle, une gigantesque femme de 28m littéralement visitable via l'entrée située au niveau de son sexe. Elle décède en 2002 des suites d'une maladie respiratoire liée aux vapeurs toxiques inhalées durant la préparation de ses oeuvres.

Jacques Villeglé (France, 1926-)

Ami et complice de Hains depuis leurs études aux Beaux Arts de Rennes, Villeglé étudie l'architecture. Dès la fin des années 1940, il s'intéresse aux affiches lacérées, et adopte la position de collectionneur, considérant que le véritable artiste est le "lacérateur anonyme" et comparant sa démarche de "prélèvement" à celui du cadrage photographique, revendiquant au passage un rôle de témoin de la civilisation. Considéré comme un précurseur, il fera au fil des ans l'objet de nombreuses expositions et rétrospectives.

Villeglé - Les mayas partoutLes Mayas Partout (1961)
Affiches lacérées 210x120 - estimation 200.000€

Martial Raysse (France, 1936-)

Martial Raysse - L oeilL'oeil (1967)
Plastique découpé 65x50 - Estimation 150.000€
 

La peinture et la poésie passionnent le jeune Raysse dès sa prime adolescence. Sa persévérance lui apporte une reconnaissance rapide, ses assemblages présentés dans des boîtes de plexiglas lui valant une certaine renommée sur la Côte d'Azur. Très tôt, il s'intéresse au plastique neuf, qu'il présente dans des tableaux-objets, et met en lumière avec des néons. Il se présente comme un témoin de la vie moderne et de la nouvelle société de consommation, et n'hésite pas à détourner des oeuvres célèbres. Suite aux évènements de 1968, une grande remise en question l'amène vers la photo puis le cinéma, tout en se détournant complètement de l'esthétique pop pour renouer avec des styles plus classiques. Plus tardivement, il honorera bon nombre de commandes publiques dans des domaines toujours plus variés, de la sculpture au vitrail en passant par la peinture détrempée.

Daniel Spoerri (Suisse, 1930-)

Après des débuts à l'opéra et au théâtre notamment comme danseur, Spoerri s'installe à Paris et crée ses premiers "tableaux-pièges", collages d'objets du quotidien, étalages ou rebuts. Son travail le conduit naturellement à rejoindre les Nouveaux Réalistes. Spoerri se plaît à transfigurer le réel, fixant des objets du quotidien sur des représentations du réel, réalisant des montages visuels matérialisant des expressions célèbres, confectionnant des oeuvres comestibles ou des collages de restes laissés par les clients de son restaurant, procédant à la naturalisation de cadavres d'animaux. Son oeuvre prend au fil du temps une tournure parodique, et Spoerri pousse sa démarche d'évacuation de toute créativité jusqu'à faire exéduter certaines de ses oeuvres par des tiers.

Daniel Spoerri - Variation d un petit déjeûnerVariations d'un petit déjeuner
Collage - Vendu 16.000€

César (France, 1921-1998)

César - compression JaguarCompression Jaguar (1978)
Collection Verraneman (Belgique) - 150cm - Estimation 400.000€
 

Autodidacte "absolu", César travaille le plâtre et le fer et se passionne très vite pour la sculpture à partir de matériaux de récupération, ce qui finit par le conduire à rejoindre le mouvement des Nouveaux Réalistes. Au début des années 60, César entreprend ses premières compressions, qui deviendront emblématiques de son travail. Défiant la société de consommation, il passe ainsi sous la presse hydraulique toute sorte d'objets, à commencer par des automobiles, pour donner naissance à des oeuvres parfois monumentales. A l'inverse, il crée aussi des expansions en polyuréthane, sans oublier ses célèbres Pouce maintes fois reproduits. Fort d'une reconnaissance internationale, César devient un artiste de premier plan très médiatisé, et crée notamment le célèbre trophée en bronze des Césars du cinéma.

Mimmo Rotella (Italie, 1918-2006)

Etudiant en Art, Rotella débute dans le figuratif avec des oeuvres abstraites et géométriques qui ne connaissent que peu de succès. Après avoir songé à abandonner la peinture, il se remet au travail suite à la découverte de l'affiche publicitaire comme moyen d'expression artistique. Ses affiches lacérées lui valent la reconnaissance de la critique italienne, tandis que son amitié avec Pierre Restany le conduit à se rapprocher des Nouveaux réalistes. Rotella s'adonne à la reprographie, bouclant la boucle en recréant en série des oeuvres à partir d'affiches déchirées. Toute sa vie, l'artiste revendiquera son statut d'affichiste, son travail l'amenant notamment à cotoyer l'industrie du cinéma.

Mimmo Rotella - La dernière MarilyneLa dernière Marilyne
Collage sur canevas 130 x 89,2 cm - Vendu 200.000€

Christo (Bulgarie, 1935-)

Christo - the Gates (projet pour Central Park NYC)The Gates (projet pour Central Park NYC)
Etude crayon, pastel et carte - Vendu 80.000€
 

Sous ce nom d'artiste se cache en réalité un couple : Christo Vladimiroff javachelff et Jeanne-Claude Denat de Guillebon. Etudiant aux Beaux Arts de Sofia, le premier s'installe à Vienne puis Paris en 1958 après avoir défié le système en peignant des toiles contraires à l'idéologie communiste. Tandis que ses premières oeuvres, faites de peintures abstraites et d'empaquetages d'objets dans de la toile ou du plastique, le rapprochent des Nouveaux réalistes, il fait la connaissance de Jeanne-Claude, fille d'un général dont il a livré le portrait. L'essence de leur oeuvre réside dans l'utilisation du tissu pour emballer, de façon monumentale et éphémère, des lieux, monuments ou paysages, révélant ainsi des lieux naturels en les cachant. Parmi leurs plus célèbres réalisations : l'emballage du Pont-Neuf à Paris en 1985.